[Muadthib]

~ Le sénateur Urbain ~

Le Sénateur Urbain est né sur Sircona, capitale politique de la Grande Coalition, à la fin de l’année 5695. Second enfant d’une famille de notables, il est élevé strictement par son père dans un environnement sain et baignant dans la religion Capruciste. Bien qu’au fur et à mesure des années Urbain finit par s’en désintéresser, cette appartenance religieuse lui sera reconnaissable à vie. En effet, comme le veut la tradition, ses parents lui firent tatouer un signe typique de cette religion sur le côté droit de son visage. Certaines personnes, peu éclairées, peuvent confondre cette marque avec de simples signes tribaux que l’on trouvait chez les Piscilliens du temps de la Guerre des Hydres. Mais, en l’occurrence, celui-ci avait une signification bien plus spirituelle. Urbain vit une enfance simple, sans remous, à l’image de la plupart des enfants aisés de Sircona. C’est par ailleurs un élève, puis un étudiant de haut niveau. Pour autant, il ne développe aucun intérêt pour les sciences, mais se découvre rapidement une passion intense pour les lettres, la philosophie et la politique. D’ailleurs, dès l’âge de 20 ans, Urbain est admis à l'École Centrale de Gestion et d’Administration (ECGA) qui se trouve être l’établissement le plus réputé pour accoucher des meilleurs dirigeants de la Grande Coalition. Il est amené à côtoyer le monde fermé de la politique durant ses 7 années d’études, et il prend goût à cette vie dont il rêve. À la toute fin de son cursus, à peine deux semaines après l’obtention de son diplôme, il est engagé par le Sénateur de Sircona, Moreas, en tant que chef de cabinet. Il va sans dire que c’est une très belle consécration pour quelqu’un de si peu expérimenté. Mais Urbain a su démontrer qu’il n’était pas un simple novice dans le métier, mais que déjà il pouvait apporter beaucoup. Ses parents l’ont toujours appuyé dans ses moindres décisions, estimant que lui seul était à même de choisir la voie qui ferait de son avenir une période de passion et de bonheur. Malgré cela, c’est surtout son père qui a toujours vu d’un mauvais œil l’amour d’Urbain pour la politique. « C’est un monde de pantins, de fantoches, d’hypocrites et de lâches » aimait-il dire souvent. Pour autant, il a toujours gardé cela pour lui et a toujours été fier de la réussite d’Urbain. Alors qu’Urbain est sénateur depuis quelques mois, ses parents meurent tous les deux à quelques semaines d’intervalles. C’est sans aucun doute l’évènement le plus marquant de sa vie de jeune adulte.

C’est au cours de ces premiers mois de vie professionnelle qu’il se prit d’affection pour le poste de Sénateur. Il ne fallut pas longtemps pour qu’il se fasse un nom dans le paysage politique de Sircona. Et il effectue d’ailleurs 2 mandats consécutifs de Sénateur de Sircona, en remplacement de Moreas. Il se rend très vite compte que c’est un dur métier, fait de conflits, de batailles et de discorde. Au milieu de son second mandat, il ressent une grande lassitude face aux conflits de bas-étages qui se déroulent dans l’enceinte du Sénat. Il est persuadé que ce n’est pas de cette façon qu’on dirige. À raison d’ailleurs. Il prend alors la décision de se retirer à la fin de son second mandat considérant, malgré son jeune âge, qu’il est devenu trop vieux pour ce genre de sottises. Il restera absent de la vie politique que très peu de temps. En effet, quelques-uns de ses confrères l’ont convaincu de se représenter aux élections sénatoriales de 5739. Il faut croire que la passion était trop forte. Il fût réélu 2 ans après son départ, espérant alors que les longs et ennuyeux discours ne sont plus de rigueur à l’assemblée. Dès la montée en puissance de la Marche des Ignorants, Urbain est un fervent partisan de la paix et de la négociation. Il est très habile pour convaincre et c’est un orateur de grand talent. Il ne conçoit pas l’installation d’une guerre généralisée entre Coalisés et Croisés alors que la situation se détériore. Idéaliste, probablement. Rêveur, sûrement pas ! Il sait pertinemment que sa ligne de conduite au sujet de « la folie croisée », ainsi nomma-t-il cette période, n’est pas du goût de tout le monde. Mais il hait la guerre. Les récits de la Guerre des Hydres l’ont profondément marqué durant ses études et il ne souhaite pas vivre ce genre d’évènements. Toute situation conflictuelle doit pouvoir se résoudre par la discussion de manière à reléguer le recours aux armes à l’obscurantisme d’antan. Urbain se faire d’ailleurs entendre de la plus forte des manières lors d’une séance plénière du Sénat en 5755. Dans son plaidoyer, il conforte le Sénat dans sa position et fustige les Croisés en ridiculisant quelque peu leurs actes. Malheureusement, ce discours ne fut pas l’électrochoc qu’il espérait et, plutôt que de leur faire entendre raison, il renforça davantage les convictions de ses opposants.

Peu de temps après ce fameux discours, les premières planètes croisées firent sécession. Au vu de la tournure des évènements, Urbain prit la décision de soutenir une initiative militaire visant à réaliser une mission d’espionnage d’une colonie croisée. La mission Hagen… c’est avant tout grâce à lui qu’elle a eu lieu. De fait, c’est également à Urbain qu’on doit les premiers échanges de tirs entre Croisés et Coalisés. Peu après le fiasco de la mission Hagen, certains personnages populaires n’ont d’ailleurs pas hésité à lui mettre les évènements à venir sur le dos. Pour la plupart, les gens qui critiquaient les décisions d’Urbain n’étaient que des envieux, des incapables qui n’avaient pas d’autre talent que celui de critiquer les partisans. Ce qu’on peut dire avec certitudes pourtant, c’est que c’est bien Urbain qui est à l’origine de la mission Hagen, avec d’autres bien sûr, et que de fait il est le principal responsable des conséquences. Il est à noter que les dirigeants croisés ont développé une haine féroce à l’égard d’Urbain, à la suite de son discours enflammé de 5755. Il ne serait pas juste de dire que les Croisés accablent Urbain de tous leurs maux, mais ils le considèrent comme le principal obstacle à la dispersion de leurs idéaux. D’ailleurs, 4 ans après la mission Hagen, les Croisés franchissent le point de non-retour en organisant un attentat suicide. Plus exactement, il est difficile de dire si ce sont les Croisés qui sont à l’initiative de l’attentat, baptisé la chute des Kyrènes, ou s’ils se sont simplement rangés derrière l’acte d’un partisan isolé. Quoi qu'il en soit réellement, l’attentat du Sénat de 5759 coûta la vie à Urbain. Il mourut sur le coup et devint alors le symbole du début de la guerre.