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Journal d'un médecin Add-on n°1-14

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Posté 14 août 2012 - 18:50

~ Journal d’un médecin ~


Extraits tirés du journal personnel du médecin-chef de l’équipe sanitaire de prévention 142 :

1e jour : Nous venons d’arriver sur Ragos. Deux soldats nous attendaient avec des véhicules près du portail spatial. Ils ne portaient pas de combinaisons, mais une fois près d’eux je m’aperçus qu’ils portaient des filtres dans leurs cavités nasales. Pendant le trajet je leur demandais pourquoi. Ils me répondirent que c’étaient les ordres, pour éviter de paniquer la population en portant des combinaisons NBC. Je ne pouvais qu’acquiescer, j’avais déjà vu sur Pathal ou Esège l’effet que ces vêtements pouvaient causer. Nous avons été présentés au gouverneur local, à son conseiller médical et à deux membres du comité planétaire de médecine pour vérifier les rapports indiquant la présence de la maladie.

2e jour : Le matériel a déjà commencé à arriver depuis le centre logistique de Tejac et est acheminé vers la zone que nous ont réservée les autorités. Les militaires ont instauré le blocus du portail spatial dès que nous avons confirmé leurs craintes et ils nous ont annoncé la mise en place d’un sas pour les voyageurs dès que tout notre matériel lourd serait arrivé. Le reste de l’équipe est arrivée ce matin et nous avons commencé à étudier les rapports pour tenter d’évaluer l’avancement de la pandémie. J’ai envoyé plusieurs de mes médecins dans les hôpitaux locaux afin de prévenir les équipes de secours et donner une rapide formation aux personnels médicaux sur les mesures d’urgence à mettre en place.

5e jour : L’équipe technique a terminé l’installation de l’hôpital de campagne qui est désormais opérationnel. Les patients étant des cas avérés de la variole de Kenoda sont transférés dans notre antenne.

8e jour : Un premier patient a commencé aujourd’hui à vomir du sang. Nous avons aussitôt renforcé les mesures d’isolement de sa chambre. J’ai chargé mon second, le docteur Ivank Sokov, de procéder au premier échantillonnage de tissus infectés et de suivre minute par minute l’évolution de l’état de santé du patient pour nous assurer qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle souche de la maladie. Plusieurs cas de patients ayant dépassé le stade d’incubation ont été signalés un peu partout. L’épidémie entre dans sa seconde phase.

12e jour : Un autre patient est mort dans la matinée. C’est déjà le cent-vingtième décès rien que pour notre antenne et les évaluations des services de santé planétaire font état de l’apparition probable de plusieurs nouveaux foyers d’infection dans les métropoles avoisinantes. J’ai envoyé deux de mes équipes faire passer le test aux résidents de ces secteurs. Si jamais le nombre de positifs dépasse le seuil d’alerte, le gouverneur planétaire va devoir imposer la loi martiale dans ces zones pour éviter que les gens ne dispersent la maladie. La Variole de Kenoda est beaucoup trop virulente pour la laisser se répandre.

18e jour : Le gouverneur a officiellement décrété l’état de pandémie et mis la planète en quarantaine. Le flux sortant du portail spatial a été coupé, désormais seul le matériel médical arrivant de Tejac continue à arriver, plus personne n’est autorisé à quitter la planète. L’armée a également pris le contrôle du spatioport et les vaisseaux de la force de défense planétaire patrouillent en orbite. Un lieutenant de la flotte qui est désormais l’un de mes patients m’a dit que la flotte avait détaché quelques vaisseaux pour les assister. Le taux de remplissage de l’antenne a atteint les 75%.

20e jour : Cet après-midi j’ai titubé dans la salle d’analyse. J’ai mis ça sur le compte de la fatigue, vu la durée de nos journées de travail ça n’a pas grand-chose d’étonnant. J’ai vu le regard des autres, mais ils se trompent, une bonne nuit de sommeil remettra les choses en bon ordre. Je demanderais au docteur Soj’idias de prendre la moitié de ma garde de demain soir. Aux informations locales, ils ont signalés plusieurs cas d'émeutes près du spatioport et des centres de distribution. Comme d'habitude les gens croient que fuir au plus vite ou se terrer quelque part changera quoi que ce soit.

21e jour : Soj’idias a accepté de me décharger un peu, mais il m’a aussi suggéré de faire le test. Je lui ai dit que c’était ridicule, mais il avait l’air si inquiet que je n’ai accepté que pour le rassurer. De toute manière, je connais déjà le résultat. Le taux de remplissage a passé le seuil des 80% et le taux de mortalité reste stable à 38,2%. Les patients qui ont survécu sont transférés vers les hôpitaux locaux. D’après mon expérience, le pic de l’épidémie sera atteint d’ici moins d’un mois et la crise devrait commencer à se résorber pour s’éteindre doucement d’ici trois ou quatre mois.

28e jour : J’ai passé en revue tout notre protocole de sécurité et n’ai détecté aucune faille. Mon test a donné un résultat positif mais si c’est le cas c’est qu’une erreur a été commise. Quelqu’un va payer pour sa négligence. Ça ne va pas se passer comme ça, il est hors de question que je les laisse devenir négligent, des vies sont en jeu.

32e jour : Le gouverneur m’a transmis les premiers chiffres de la campagne d’examens systématiques. Le taux d’infection a déjà dépassé la barre des 50%, visiblement l’apparition de foyers multiples mais de petite taille au lieu d’un épicentre de grande ampleur a leurré les autorités sanitaires qui n’ont détecté que trop tard les premiers cas de la maladie. D’après ces chiffres près de six pour cent de la population de Ragos est déjà décédée. Je me suis excusé auprès du docteur Andénius pour la scène que je lui ai faite hier. Je me suis rendu compte que mon comportement de ces derniers jours était à la fois déplacé en ces lieux et indigne de ma fonction de médecin-chef.

39e jour : J’ai demandé à être évacué vers le service épidémiologique du centre de Tejac. Au bout d’une heure, ils ont répondu que la maladie avait pris trop d’ampleur sur Ragos pour prendre le risque de passer outre les mesures de quarantaine. Je les ai recontactés pour leur garantir le parfait respect des règles de confinement et les assurer que je ne représentais aucun risque de prolifération si tout le monde respectait à la lettre les procédures de sécurité. Ils ont à nouveau refusé. J’ai argué que le port d’une combinaison NBC intégrale entre le portail spatial et la zone de confinement du centre ne ferait courir aucun risque à qui que ce soit, mais ils n’ont fait que me rappeler que le gouverneur de Ragos avait décrété la quarantaine. Je leur ai demandé quelles conditions de sécurité ils jugeaient nécessaires pour mon transfert, mais tout ce qu’ils ont fait c’est de me demander de déléguer mes responsabilités de médecin-chef au docteur Sokov.

47e jour : Aujourd’hui je suis resté dans mon lit près d’une heure sans bouger. C’est comme si j’avais perdu toute volonté, toute envie de poursuivre ma mission. Pendant cette heure je n’ai pensé à rien, je me suis contenté d’être là, sans but, sans besoins, sans objectifs. D’après ses dires, je n’ai manifesté de réaction que lorsque le docteur Soj’idias m’a secoué l’épaule alors qu’il venait m’apporter les comptes-rendus des équipes envoyées à la zone de quarantaine du spatioport. Je profite de mon isolement en chambre de quarantaine pour me consacrer exclusivement aux tâches administratives de l’unité. Les patients dont j’avais la charge ont été répartis entre les autres médecins et je peux me consacrer exclusivement à la bonne marche de mon service sans risquer d’infecter les autres.

55e jour : J’ai été pris d’une forte quinte de toux hier soir. Quand j’ai vu le sang sur ma main, j’ai compris que j’avais terminé ma période d’incubation. Mon niveau d’isolement a été relevé, les symptômes les plus graves ne vont plus tarder à apparaître. Mes collègues me rappellent sans arrêt que le taux de mortalité observé sur Ragos est dans la moyenne normale à 38,1%, ce qui me laisse deux chances sur trois de m’en tirer. Ils omettent sciemment les 29% de problèmes pulmonaires et de dégénérations musculaires chez les survivants qui leur imposeront des soins médicaux sur une bonne partie de ce qui leur reste de vie. Mais je suis médecin moi aussi. Je sais qu’en raison de ma condition physique j’ai nettement entamé mes chances.

68e jour : Soj’idias m’a donné ce matin une double dose de trisanépam, me rendant un peu de lucidité. Assez pour rajouter quelques mots dans ce journal. Je sens la maladie en moi, qui grossit alors que mon état se détériore à toute vitesse maintenant. Lorsqu’il est passé me voir à mon chevet et tandis qu’il évoquait quelque chose sur des recherches du côté d’Arkos, j’ai demandé à Ivank de me laisser une ampoule de détheriosulfide. Il m’a regardé dans les yeux et m’a dit que ça ne servirait à rien, que je n’avais de toute manière plus la force nécessaire pour atteindre l’injecteur. J’ai senti la colère monté en moi. Je lui ai crié que si nos rôles avaient été inversés, moi je l’aurais fait pour lui. Je ne suis pas sûr qu’il ait compris, car mes cris devaient plutôt ressembler à ses oreilles à une série de mots entrecoupés de râles et de crachats sanguinolents. Pourtant tandis qu’il s’éloignait, j’ai senti de la pitié dans son regard. L’effet des calmants commence déjà à s’estomper et la seule chose que je souhaite maintenant c’est de retomber dans mon semi-coma fiévreux. Tout plutôt que de continuer à sentir mes entrailles brûler et mon sang en train de bouillir. Il faut qu’Ivank revienne cette nuit, je ne supporterais pas de me réveiller à nouveau.




Patient 115-028-AAK, praticien : docteur Ivank Sokov. Le patient qui avait atteint le stade avancé de la variole de Kenoda est décédé durant la nuit d’un arrêt cardiaque, probable résultante de la détérioration musculaire cardiaque conjuguée au stress, à l’état de fatigue du patient lors de la période d’incubation et à la douleur prolongée de ces derniers jours. La non-disponibilité du personnel déjà en situation de surcharge du fait de ses tâches actuelles et la saturation des morgues locales ainsi que celle de l’antenne médicale nous empêchent de conserver le corps à des fins d’autopsie. Les échantillons de tissus à destination du laboratoire de Tejac ayant déjà été envoyés hier, j’ai donné le feu vert pour la crémation du corps du défunt. Son identité a été transmise au service de recensement des victimes. Il a consacré sa vie à soigner les malades et jusqu’à son dernier souffle s’est battu contre la Variole de Kenoda. Son nom ne sera pas oublié.


Ce message a été modifié par renedelaq - 12 septembre 2012 - 11:52.

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